Fracture de fatigue : causes, traitement, prévention…
La fracture de fatigue a été décrites pour la première fois au milieu du XIXe siècle chez le personnel militaire. Principalement à cause d’un entraînement trop intense pendant leur période de recrutement. Les athlètes et les amateurs de sport sont aussi à risque de développer une facture de fatigue. Tout part du fait que nos os sont en constante évolution, s’adaptant aux charges qu’on leur impose. Cependant, les fractures de fatigue surviennent lorsque ces os subissent une pression anormale et répétée.
C’est comme si notre corps n’arrivait pas à s’ajuster suffisamment vite, ce qui entraîne de minuscules dommages et finalement des fractures. En général, les symptômes se manifestent environ trois semaines après un changement d’activité physique. Ils s’intensifient au fil du temps, pouvant même mener à l’obligation d’arrêter l’activité physique.
Ces fractures de fatigue constituent une part importante des blessures dans le domaine de la médecine du sport. Elles représentant entre 10 % et 20 % de toutes les blessures liées au sport.
Les femmes pratiquant un sport sont plus enclines à en souffrir que les hommes. En effet, une athlète sur sept a déjà eu une fracture de stress. Si on se penche sur les sports, leur prévalence varie en fonction du type. C’est plus fréquent chez les coureurs d’endurance, les athlètes et les danseurs. Pour les coureurs, ces fractures représentent entre 15 % et 20 % de toutes les blessures musculo-squelettiques. Pour les athlètes féminines c’est carrément 22 %.
En ce qui concerne l’emplacement des fractures de fatigue, les membres inférieurs sont les plus touchés. À l’inverse, le membre supérieur est moins concerné. Et pour donner un peu plus de précision, le tibia est l’os le plus touché, suivi des os du pied, du fémur et du péroné.
Origines
L’origine des fractures de fatigue est multifactorielle avec de nombreux facteurs de risque impliqués. L’identification des ces facteurs aide à déterminer la susceptibilité de chacun à développer une fracture de fatigue et cela peut t’aider à les éviter.
Facteurs de risques :
Facteurs extrinsèques :
- Les carences nutritionnelles (par exemple, faible apport en calcium et carence en vitamine D)
- Des troubles de l’alimentation ont été identifiés chez les athlètes féminines atteintes de fracture de fatigue. En effet, le trouble alimentaire est une des composantes de la triade du sportif.
- Le type et la fréquence des activités sont des facteurs de risque importants pour la fracture de fatigue. Des charges à fort impact, de nouveaux exercices excessifs, un changement dans le type ou l’intensité de l’activité et le repos limité en font partie.
- La qualité de l’équipement ainsi que des facteurs environnementaux tels que la surface de course.
Facteurs intrinsèques :
Les facteurs intrinsèques sont des facteurs individuels qui prédisposent une personne à la fracture de fatigue :
- Avoir une fracture de fatigue passée augmente de 5 à 6 fois les chances d’avoir un nouveau fracture de fatigue chez les coureuses.
- Les femmes sont plus sensibles au fracture de fatigue. Une méta analyse de coureurs de fond a montré un risque 2,3 fois plus élevé de fracture de fatigue chez les femmes. Ceci expliqué en partie par masse maigre plus faible et une morphologie osseuse moins robuste.
- Composition corporelle : une masse corporelle maigre faible et une masse grasse plus élevée sont associées à un risque accru de fracture de fatigue chez les athlètes et les non-athlètes. En raison d’une charge et d’un stress osseux accrus, avec une fatigue précoce.
- Faible densité minérale osseuse.
- Biomécanique : Les effets combinés de la variation morphologique et du mauvais alignement de la dynamique osseuse, musculaire et articulaire influencent le développement de la fracture de fatigue . En particulier au niveau du pied et de la cheville.
Les RED-S
La triade de l’athlète, ou le RED-S, c’est un risque majeur pour les fractures de fatigue. Cela inclut des problèmes alimentaires, des soucis avec l’énergie nécessaire, des perturbations des règles, et des changements dans la densité osseuse. Tu n’as pas besoin de tous ces éléments pour être concerné, ça dépend du sport. Mais ce qui compte le plus, c’est l’énergie que ton corps reçoit. Si tu ne manges pas assez, ça perturbe tes hormones. En particulier les œstrogènes, le cortisol et la leptine, ce qui peut nuire à la santé de tes os et les rendre plus fragiles.
Chez les filles, l’ensemble de ces composantes sont peu présentes mais jusqu’à 78 % d’entre elles ont au moins un aspect de cette triade à un moment donné. Et plus il y a de composantes, plus le risque de fracture de fatigue augmente. Les hommes aussi sont concernés, surtout dans les sports comme le cyclisme, l’aviron, la course, les sports de combat, où il y a des changements fréquents de poids et d’alimentation. Donc, c’est important de bien s’alimenter et de prendre soin de ton corps pour éviter ces ennuis.
Diagnostic
Le diagnostic de fracture de fatigue peut être réalisé en identifiant les facteurs intrinsèques et extrinsèques, en listant les antécédents, en effectuant un examen physique approfondi et en réalisant une imagerie (l’IRM est la meilleure à ce jour). Une détection précoce est importante pour améliorer les chances de résolution des symptômes avec un traitement conservateur.
Classification des fractures de fatigue :
Une classification appropriée des fractures de fatigue en fonction du type, de l’emplacement, du classement et du risque faible ou élevé est essentielle pour orienter les stratégies de traitement et influencer le moment de retour au sport. La localisation anatomique d’une fracture de fatigue est utilisée pour classer la blessure comme risque faible ou élevé. Les fracture de fatigue à faible risque ont un de taux de récidive plus faibles, moins de complication et de mauvaise cicatrisation. Réciproquement, les sites à haut risque ont une plus grande probabilité de propagation de fracture, de pseudarthrose ou de retard de consolidation.
Classification des risques :
Site :
Faible : Calcanéum, péroné, diaphyse fémorale, premier à quatrième métatarsiens, tibia postérieur/médial, premiers sésamoïdes, bassin, côtes, diaphyse ulnaire
Moyen : Diaphyse fémoral, bassin, tibia postérieur/médial, cinquième métatarsien
Haut : Tibia antérieur, tête fémorale, col fémoral, cinquième métatarsien, premier sésamoïdes, naviculaire, malléole médiale, rotule
quel traitement ?
Le traitement des fractures de stress nécessite une approche multidisciplinaire. La façon dont tu traites la blessure dépend de si c’est une simple réaction de stress ou une véritable fracture de fatigue, de l’endroit de la blessure et de sa capacité à guérir.
Pour les fractures de fatigue sur des sites moins risqués, généralement, on recommande une approche en deux phases. La première étape implique l’arrêt de l’activité sportive pendant 6 à 8 semaines. Cependant, tu pourrais être encouragé à faire des exercices alternatifs à faible impact, comme la natation ou le vélo. Cela permet de maintenir la forme physique et d’éviter la fonte musculaire due à l’immobilisation. Si tu ne peux pas marcher sans douleur, une immobilisation temporaire est indiquée.
La phase 2 commence après une période de repos sans douleur de 10 à 14 jours et implique un retour progressif à l’activité avec de la physiothérapie.
Au niveau de la nutrition, il est recommandé d’augmenter ton apport en calcium et de t’assurer que tu reçois suffisamment de vitamine D. Des études ont montré que des doses plus élevées de calcium réduisent le risque de fractures de stress. Si tu n’obtiens pas suffisamment de ces nutriments dans ton alimentation, tu pourrais avoir besoin de compléments.
Prévenir la fracture de fatigue
Il est crucial de prévenir les fractures de fatigue. Cela implique la formation et la bonne connaissance des professionnels de santé, des entraîneurs et des athlètes pour assurer un diagnostic et un traitement précoces. Il est important de considérer à la fois les facteurs de risque externes et internes associés à ces blessures.
Le dépistage de la triade (RED-S) de l’athlète chez les femmes peut aider à corriger les problèmes liés à la faible disponibilité énergétique, aux troubles de l’alimentation et au dysfonctionnement menstruel, qui peuvent tous contribuer aux fractures de fatigue. Un dépistage précoce des athlètes à risque peut améliorer la santé osseuse au fil du temps.
Pour ceux qui ont déjà eu des fractures de fatigue, une bonne nutrition est essentielle, avec une attention particulière au calcium, à la vitamine D et aux protéines. Il est important d’éviter un déséquilibre énergétique négatif. L’augmentation du programme d’entrainement doit se faire progressivement et parfois sous surveillance médicale.
Références :
Costa et al. Stress fractures. Arch Endocrinol Metab. 2022; 66(5): 765–773.Published online 2022 Nov 10.